La guerre civile syrienne en cours, qui a débuté en 2011, est le théâtre de nombreux massacres. La majorité des massacres sont attribués au régime syrien et à ses alliés, de nombreux autres au groupe terroriste État islamique, et, dans une moindre mesures, aux groupes rebelles armés et factions kurdes.
En 2013, une commission de l'ONU chargée d'enquêter sur les violations des droits humains en Syrie confirme au moins neuf massacres délibérés, dans la période allant de 2012 jusqu'à la mi-. Le gouvernement syrien est désigné comme l'auteur présumé de huit de ces massacres, et l'opposition insurgée du neuvième. Ce décompte est contesté par les forces loyalistes,.
Human Rights Watch a documenté des attaques menées sans discernement par des groupes d’opposition armés : des exécutions extrajudiciaires, des enlèvements et des actes de torture. Des combattants étrangers et des groupes djihadistes ont commis certains des pires abus. L'ONG révèle aussi que les groupes djihadistes ont commis en Syrie, de plus en plus de violations graves des droits humains.
Massacres et exactions du régime syrien
Torture et morts en détention
En , trois anciens procureurs internationaux publient un rapport dans lequel ils affirment que 11 000 prisonniers ont été exécutés ou torturés à mort dans les prisons du régime syrien. Le rapport, commandé par le Qatar, allié de la rébellion, se base sur le témoignage d'un déserteur surnommé « César ». Ce dernier, un photographe ayant déserté la police militaire syrienne, avait fourni 55 000 photos numériques, dont 27 000 sont authentifiées par l'ONU et des ONG et quelques-unes rendues publiques,,.
Selon l'OSDH, lors de l'année 2013, 2 389 personnes meurent dans les prisons et les centres de détention des services de renseignement syriens des suites de tortures et des conditions de détentions. De janvier à novembre 2014, le nombre des morts est de 1 917, dont 11 femmes et 27 enfants ou adolescents. 200 000 personnes sont détenues dans les prisons du régime syrien,.
Le , l'OSDH affirme que le nombre de détenus morts sous la torture est désormais d'au moins 12 751, dont 108 enfants, et qu'environ 20 000 autres prisonniers sont portés disparus. Selon le Réseau syrien pour les droits de l'homme, près de 128 000 personnes sont présumées mortes ou toujours en détention, en 2019.
L'ONG Amnesty International estime que 300 détenus meurent par mois en moyenne dans les prisons du régime depuis le début de la guerre civile, et que la quasi-totalité des prisonniers est torturée. La prison de Saidnaya, près de Damas, est considérée comme celle répertoriant le plus grand nombre de décès. L'ONG estime que pas moins de 13 000 personnes y ont été victimes d'exécution extrajudiciaire entre et , et probablement des milliers d'autres depuis,.
Bombardements et barils d'explosifs
Plusieurs milliers de civils meurent également dans les bombardements effectué par l'aviation syrienne et des hélicoptères qui larguent des barils d'explosifs. L'armée de terre syrienne tire des missiles balistiques sur des zones habitées. Human Rights Watch a enquêté sur neuf attaques menées en 2013, apparemment à l’aide de missiles balistiques, qui ont tué au moins 215 personnes, dont 100 enfants. Selon OSDH, au cours de l'année 2014 au moins 6 553 civils ont été tués par les bombardements des avions et des hélicoptères du régime, dont 965 femmes et 1 814 enfants.
Selon un rapport d'Amnesty International publié le , les bombardements au baril d'explosifs largués par hélicoptère ont fait 11 000 morts parmi les civils depuis 2012,.
L'OSDH affirme avoir comptabilisé, pour les six premiers mois de l'année 2015, au moins 19 205 raids aériens et 10 423 barils largués par hélicoptères qui ont causé la mort d'au moins 2 916 civils, dont 665 enfants, et fait plus de 18 000 blessés. Les pertes infligées aux rebelles ont été d'au moins 1 213 tués et plusieurs milliers de blessés.
Attaques chimiques
Le conflit syrien compte plus de 300 attaques à l'arme chimique, essentiellement au sarin et au chlore. La quasi-totalité de ces attaques sont imputées au régime syrien, à l'exception de quelques attaques au gaz moutarde perpétrées par l’État islamique,,,.
Parmi ces frappes à l'arme chimique, plusieurs ont occasionné des massacres de grandes envergures, essentiellement sur des populations civiles : le massacre de la Ghouta, en 2013, tue plus de 1400 personnes dont plusieurs centaines d'enfants, l'attaque chimique de Khan Cheikhoun en 2017 tue une centaine de civils dont une trentaine d'enfants, et l'attaque chimique de Douma en 2018 fait une cinquantaine de victimes civiles.
Autres
Dans un rapport publié le , le Réseau syrien des Droits de l'Homme affirme que 5 307 civils dont 518 enfants ont été tués en Syrie par des sniper du régime syrien.
Massacres et exactions de l'État islamique
Selon le politologue Ziad Majed, 400 personnes, en majorité des rebelles sunnites, ont été exécutés en 2013 par l'État islamique en Irak et au Levant et 1 000 à 1 200 ont été faits prisonniers.
Selon l'OSDH, l'État islamique exécute au moins 2 154 personnes en Syrie entre le et le , dont 1 362 civils (principalement 930 membres de la tribu des Al Cheitaat), 529 soldats et miliciens du régime syrien, 137 rebelles syriens, y compris des djihadistes du Front al-Nosra et des Kurdes des YPG, et 126 de ses propres hommes pour tentative de désertion. L'OSDH estime cependant que le bilan réel est probablement plus élevé et évoque notamment plusieurs centaines de disparus dans les prisons de l'EI
Estimations spécifiques
Enfants syriens
Concernant les seuls enfants, victimes du conflit syrien :
- Pour la période de à la fin :
- Selon le centre de réflexion britannique " Oxford Research Group ", sur 113 735 morts civils et combattants recensés au total pendant l'actuelle guerre de Syrie, ce sont 11 420 enfants syriens (âgés de moins de 17 ans) qui ont été tués. Sur les 10 586 enfants dont la cause de la mort a été identifiée, l'étude précise :
- 7 557 enfants, soit 71 % du total, ont été tués par des « armes explosives » (bombardements aériens, tirs d'artillerie, attentats à la bombe et voitures piégées);
- 2 806 enfants, soit 26,5 % du total (un enfant sur quatre), ont été tués par des « tirs d'armes légères ». Parmi eux figurent 389 abattus par des « tireurs embusqués » et 764 enfants « exécutés sommairement » (dont 112 avaient été torturés avant d’être exécutés);
- Enfin 128 autres enfants auraient été touchés mortellement par armes chimiques.
- Selon le centre de réflexion britannique " Oxford Research Group ", sur 113 735 morts civils et combattants recensés au total pendant l'actuelle guerre de Syrie, ce sont 11 420 enfants syriens (âgés de moins de 17 ans) qui ont été tués. Sur les 10 586 enfants dont la cause de la mort a été identifiée, l'étude précise :
L'étude ajoute qu'il y a deux fois plus de garçons décédés que de filles. Les adolescents ont été globalement plus visés que les enfants plus jeunes : « les garçons âgés entre 13 et 17 ans ont été les victimes les plus fréquentes des meurtres ciblés, que ce soit les tirs de snipers, les exécutions ou les tortures ».
- Pour la période de à la mi- :
- Un rapport du Secrétaire général de l’ONU sur les enfants et le conflit armé en République arabe syrienne décompte plus de 10 000 enfants qui ont perdu la vie à cause des violences en Syrie. (Rapport du Conseil de sécurité S/2014/31 du ).
- Selon l'UNICEF, ce sont plus de 11 000 enfants syriens qui ont perdu la vie, victimes de tirs perdus ou de ceux de tireurs embusqués, d'attentats, de bombardement de zones résidentielles, d'attaques contre les écoles et les hôpitaux, et aussi d'exécutions.
- Pour la période de à la fin :
- Le , le site web Syrianshuhada (Conseil national syrien) dénombrait 11 297 enfants de moins de 16 ans décédés. Sur cette base de données, pour les 12 à 16 ans, ce sont 300 à 400 enfants qui sont décédés pour chaque tranche d'âge. Pour les causes de la mort :
- 8 129 enfants, soit plus de 70 % du total, auraient été touchés par des armes explosives (dont 6 602 par des tirs d'artillerie, 1 384 par des bombardements aériens, 143 par explosion);
- 2 429 par balles, soit près de 22 % du total, (dont 732 enfants trouvés sans papier et 449 spécifiquement tués par des tirs de sniper);
- et aussi, 110 par égorgement, 74 sous la torture, 63 par armes chimiques, 6 de l’explosion d'une mine, etc.
- Le , le site web Syrianshuhada (Conseil national syrien) dénombrait 11 297 enfants de moins de 16 ans décédés. Sur cette base de données, pour les 12 à 16 ans, ce sont 300 à 400 enfants qui sont décédés pour chaque tranche d'âge. Pour les causes de la mort :
Chrétiens syriens
Avant la présente guerre, les chrétiens en Syrie représentaient 5 % de la population (soit environ un million de personnes). Selon les dires du Patriarche Laham, grand dignitaire chrétien de Syrie, 450 000 chrétiens avaient déjà été déplacés par le conflit, entre et . Une soixantaine d'églises avaient été détruites. Et près de 1 200 civils chrétiens avaient trouvé la mort en moins de trois années.
ONG et personnalités
Appel de personnalités
Dans une lettre ouverte publiée le , une cinquantaine de personnalités, anciens dirigeants politiques, prix Nobel de la paix et intellectuels ont appelé les membres du Conseil de sécurité des Nations unies à s'unir pour retirer au président syrien son « permis de tuer » : dans ce texte publié dans le Financial Times et dans Le Figaro, ces personnalités de plus de vingt-sept nationalités estiment que « les divisions au sein de la communauté internationale ont donné au gouvernement d'Assad un permis de tuer et demandent que ce permis lui soit maintenant retiré ».
Amnesty International
Le , Amnesty International rend public un rapport dénonçant un recours de grande ampleur à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements en Syrie par le gouvernement. L'ONG recense 31 méthodes de torture et d’autres formes de mauvais traitements attribuées aux forces de sécurité, à l’armée et aux milices progouvernementales connues sous le nom de shabiha.
Comité international de la Croix-Rouge
Le , Le Comité international de la Croix-Rouge a demandé instamment aux autorités syriennes et à toutes les autres parties au conflit d’observer une cessation quotidienne des violences afin de permettre l’acheminement rapide des secours humanitaires. Le CICR a également rappelé à toutes les parties au conflit qu'elles étaient tenues de faire en tout temps la distinction entre les civils et les personnes participant aux hostilités et de respecter pleinement le droit international humanitaire,. Le , le président du CICR, Peter Maurer, s'est rendu en Syrie pour une mission de trois jours, avec pour objectif de renforcer l'action humanitaire du CICR et du Croissant-Rouge arabe syrien,.
Human Rights Watch
Le , l'ONG américaine Human Rights Watch a dénoncé dans un communiqué les « méthodes de terre brûlée » utilisées par l’armée syrienne afin de tenter d'écraser la révolte qui perdure dans le pays. L'ONG basée à New York déplore que le Conseil de sécurité l'ONU soit bridé par la Russie et la Chine et considère qu’après un an de révolte populaire en Syrie « le Conseil de sécurité devrait enfin s'unir et signifier clairement à Assad que ces attaques doivent cesser ». Le , Human Rights Watch a dénoncé dans un communiqué des crimes également commis par des groupes armés de l'opposition.
Liste chronologique des massacres
Références
Liens internes
- Droits de l'homme
- Crime de guerre
- Terrorisme
- Génocide
- Tueries de masse
Liens externes
- (fr) « Animation: Comprendre la guerre en Syrie en cinq minutes », Le Monde,
- (en) Carte géante actualisée de la guerre civile syrienne, Wikipedia Anglais
- Le CICR en Syrie (Comité International de la Croix Rouge) : Syrie : Faits et chiffres, janvier-février 2014
- Unissons-nous pour les enfants en état de siège : Trois années d’un conflit dévastateur pour les enfants en Syrie Rapport à lire de l'UNICEF (publié en ) [PDF]
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